Je veux et j’exige !
(essayez de dire le titre à haute voix, en faisant bien les liaisons, sans bafouiller)
Alors dans ces moments la, inlassablement je regardais chaque voiture passer, et au fond de moi je me disais.
« Je VEUX une voiture, putain je veux une voiture »
Ce désir était vraiment plus fort que tout, je ne supportais plus cette dépendance aux transports en commun, cette obligation d’être prêt tous les jours exactement à la même heure et pas une minute plus tard, de devoir attendre le bus tous les jours, 4 fois par jours, dans le froid, sous la pluie, dans le vent, de devoir y monter, supporter les commérages des grands-mères, éviter leurs caddies les jours de marché, de devoir rester debout, à me tenir comme je pouvais, entre les dessous de bras puants des alcooliques du coin et les racailles de mon quartier essayant de me tirer mon porte feuille, de devoir mettre 1heure (attente comprise) pour faire un trajet que je pouvais faire en moins de 15 minutes avec mon propre véhicule, de devoir encore marcher 15 minutes sur le port sous la pluie, souvent en courant à cause du retard du bus pour arriver à l’heure à mon lycée, non desservis par les transports en commun.
Non vraiment, je souhaitais plus que tout avoir enfin mon indépendance.
Il faut dire aussi que j’ai vécu tout ceci à vannes, et que sans être réellement la campagne, c’est tout de même nettement moins bien desservis que Nantes, Rennes ou encore Lorient, que mon beau-père était chauffeur de bus et que donc ainsi, tous me connaissaient, et je devais les saluer tous les jours, avec le sourire, malgré leur retard, leur conduite inconfortable, leur habitude à oublier mon arrêt…
Non vraiment, on ne peut pas dire que j’aime les transports en commun.
Alors j’attendais là le bus, et je regardais les voitures passer, s’arrêter au feu rouge devant moi, et en mon fort intérieur je commentais. Je commençais par la voiture évidemment. « wahou, belle voiture, j’aimerais bien une comme ca » ou encore « pfff quel toccard, on a pas idée de rouleur en punto » Et puis le feu s’éternisant, j’essayais de me mettre à la place du conducteur, de deviner ce qu’il faisait la exactement, ce à quoi il pensait à ce moment, ce que pouvait être sa vie exactement. Je me mettais à rêver, à imaginer, puis à me dire qu’un jour, je serais l’un d’eux et que peut-être, sur le trottoir, un inconnu que je ne remarquerai même pas, fera exactement la même chose avec moi que ce que j’étais en train de faire.
Et aujourd’hui c’est fait, je suis l’un d’eux. Ce que je voulais je l’ai obtenu et mérité, aujourd’hui j’ai le permis, et je roule dans ma propre voiture. Elle est loin d’être celle que je voulais, mais elle roule et me conduit où je veux. Et il m’arrive parfois, de repenser à tout ca, et de me dire que quelque part, il y a surement quelqu’un qui m’épie, me scrute, me juge, m’envie et m’imagine, tel que je ne suis pas.
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